Au Grau-du-Roi (Gard), jusqu’aux années 60, le thon rouge se pêchaient à la seinche. Ils embarquaient sur des barques, les moures de porc équipées d’une immense voile latine. Aujourd’hui, c’est à la palangre que les thons sont capturés. Les pêcheurs sortent en fin d’après-midi jusqu’à l’aube sur des thoniers d’une dizaine de mètres. La palangre est constituée d’une ligne de quatre à dix milles de long sur laquelle sont fixés des hameçons (150/1,5 milles) appâtés avec des sardines fraiches ou congelées. Les thons vendus dans des coopératives sont destinés aux marchés français, espagnols, italiens et suisses.
En Méditerranée, 90 à 95% du poisson pêché par les senneurs vont à l’embouche. Les thons capturés aux Baléares sont transportés dans les cages des fermes à thons. L’embouche permet d’engraisser des thons pêchés en mer, que l’on maintient en captivité dans des cages flottantes en les alimentant de petits poissons pélagiques (anchois, harengs, chinchards) jusqu’à atteindre une qualité de chair conforme aux critères des importateurs japonais.
Démarré en 2008, le programme européen SELFDOTT (Self-sustained aquaculture and Domestication Of bluefin tuna, Thunnus thynnus) est dédié à l’étude de la reproduction, du développement larvaire, de la production de juvéniles et d’une nutrition appropriée.
C’est parce que je rêvais de visiter le marché de Tsukiji à Tokyo que je suis partie en voyage au Japon. J’étais plus particulièrement intéressée par la vente aux enchères des thons rouges. Dès l’aube, les visites guidées avec un nombre limité de personnes sont possibles. Les thons méticuleusement alignés sur le sol font l’objet de toutes les attentions de la part des acheteurs qui vont dépenser jusqu’à plusieurs milliers d’euros pour les acquérir. Une rondelle est découpée sur chaque thon et les acheteurs potentiels testent la qualité de la chair, en particulier le taux de gras. Les enchères sont théâtrales. L’annonce se fait par un homme grimpé sur un tabouret. J’avais l’impression qu’il chantait. Les intéressés utilisent des codes en levant un ou plusieurs doigts pour fixer leur prix. Une fois les enchères terminées, les thons partent vers leur destination finale. Dans les grandes halles du marché, on peut assister à la découpe de ces thons tant convoités avec des couteaux aux allures de véritables sabres.
Ce marché est le plus grand marché de gros au monde pour les poissons et les fruits de mer. Des dizaines de milliers de personnes et voitures motorisées déambulent dans le dédale du marché. On y trouve plus de 450 espèces de poissons qui proviennent des quatre coins du globe. Il représente le centre d’un réseau de commercialisation extrêmement complexe.
Ces photos ont illustré plusieurs articles que j’ai rédigés :
– Une remise en cause de la filière d’embouche ? Le Marin n° 3250, octobre 2009.
– SelfDott, aquaculture durable et domestication du thon rouge, Biofutur n° 307, février 2010.
– Thon rouge, histoire d’une pêche, Chasse-marée n°234, août 2011.
– Une journée avec Marial Lubrano patron du « Petit Tom », La Gazette de Sète n°266, novembre 2011.